« Sachez bien que les chevaliers ne furent pas créés à la légère, ni compte tenu de leur noblesse d'origine ou de leur naissance plus illustre que celle du commun, car l'humanité descend d'un père et d'une mère uniques.
Mais quand l'envie et la convoitise s'accrurent dans le monde et que la force prit le dessus sur le droit, à cette époque les hommes étaient encore égaux en lignage et en noblesse.
Mais quand les faibles ne purent plus accepter ni endurer les vexations des forts, ils établirent pour se protéger des garants et des défenseurs pour s'assurer paix et justice et pour mettre fin aux torts et aux outrages dont ils étaient l'objet.
Pour assurer cette garantie, furent mis en place ceux qui, de l'avis général, avaient le plus de qualités, les grands, les forts, les beaux, les agiles, les loyaux, les preux, les hardis, ceux qui étaient riches en ressources morales et physiques.
Mais l'ordre de chevalerie ne leur fut pas conféré à la légère et comme un vain titre, ils durent assumer un lourd poids de devoirs. Savez-vous lequel ?
A l'origine de l'ordre, il fut imposé à qui voulait être chevalier et qui en obtenait le privilège par légitime élection d'être courtois sans bassesse, bon sans félonie, pitoyable envers les nécessiteux, généreux et toujours prêt à secourir les miséreux, à tuer les voleurs et les meurtriers, à rendre d'équitables jugements sans amour et sans haine, sans faiblesse de coeur pour avantager le tort en portant atteinte au droit, et sans haine pour ne pas nuire au droit en faisant triompher le tort... ».
Li chevaliers doit estres sires del pueple et serjans à Damedieu.
Quant au cheval que monte le chevalier et qui le porte en toutes circonstances, il est le symbole du peuple : de même qu'il doit porter le chevalier en tous besoins, le peuple doit porter de même le chevalier, lui procurer tout ce dont il a besoin pour vivre honorablement parce que le chevalier doit veiller à sa protection nuit et jour.
Le chevalier est au-dessus du peuple : comme le cavalier éperonne sa monture et la mène dans la direction qu'il désire, de même le chevalier doit mener le peuple à sa volonté, selon une légitime sujétion, parce qu'il est légitimement au-dessus de lui.
Ainsi apprenez que le chevalier doit être le seigneur du peuple et le soldat de Dieu, puisque son devoir est de protéger, défendre et soutenir la Sainte Église. Le clergé doit être au service de la Sainte Église, des veuves et des orphelins grâce aux dîmes et aux aumônes qui sont articles de sa constitution.
Et comme le peuple assure au clergé sa subsistance quotidienne et lui fournit ce dont il a besoin, de même la Sainte Église doit assurer au peuple la nourriture spirituelle, lui permettre de gagner la vie éternelle par oraisons, prières et aumônes, afin que Dieu soit à jamais le sauveur du peuple, comme il est le protecteur et le défenseur de l'Église sur terre.
Ainsi le peuple à le devoir de prendre en charge les besoins d'ordre terrestre du clergé, et les besoins d'ordre spirituel sont l'affaire de la Sainte Église. »
Dans le désert du Sinaï, au sommet d'un mont presque inaccessible, vivait un ermite très pieux. Les rares hommes qui avaient eu la chance de le rencontrer, ne passaient plus un jour sans vanter partout sa grande sagesse, ses sublimes qualités de cœur et d'esprit et sa foi admirable.
Lorsque le Khalife entendit ces louanges extraordinaires, il voulut rencontrer le saint homme. Il dépêcha aussitôt des émissaires chargés de mille présents somptueux, et leur donna l'ordre de ramener l'ermite au palais. Le vieil homme négligea les soieries et l'or fin, mais accepta l'invitation.
Lorsqu'il arriva dans la grande salle d'apparat, toute la cour l'attendait avec impatience et les scribes avaient sortis leurs plus belles plumes pour recueillir ses propos.
L'ascète se prosterna devant le trône et le Khalife lui dit : "Tous louent ta sagesse et ta piété et on prétend que tu connais les réponses aux questions qui hantent le cœur des hommes. Si tu réponds à ma question je te comblerai de mes bienfaits aussi longtemps que tu vivras, mais si tu n'y réponds pas, je te ferai trancher la tête car je saurai alors que tu es un imposteur.
Dis-moi donc, des trois religions du livre, celle, des chrétiens, celle des musulmans et celle des juifs, laquelle est la meilleure ?". L'ermite baissa la tête, et se gratta la barbe. Il resta longtemps silencieux car le temps n'a pas d'importance pour ceux qui vivent dans la paix de Dieu.
Les courtisans s'impatientaient lorsqu'il se redressa lentement et dit :"Oh, Commandeur des Croyants je ne puis te répondre." La déception était grande dans l'assemblée et le Khalife faisait déjà signe au bourreau, mais l'ermite reprit : "Toutefois, je puis te raconter une histoire."
"Raconte" dit le Khalife.
"Dans une ville, reprit l'ermite, vivait un homme qui avait trois fils. Cet homme possédait un joyau d'une valeur inestimable. Lorsqu'il sentit l'aile de la mort caresser son front, il ne sut que faire de ce bijou extraordinaire. Il ne pouvait satisfaire l'un de ses fils au détriment des deux autres et il ne pouvait pas non plus le couper en trois.
Alors, il se rendit chez le meilleur joaillier de la ville et il lui demanda d'en faire deux copies aussi parfaites que possible. Et le joaillier taillât des copies si parfaites qu'on ne pouvait plus les distinguer de l'original.
Sur son lit de mort le vieil homme légua un joyau à chacun de ses trois fils.
Depuis les trois fils se sont séparés et chacun d'eux prétend posséder le véritable joyau.
Un sourire radieux illuminait les visages des princes et des conseillers.
Tous voyaient bien la grande sagesse qu'il y avait dans cette histoire.
"Va en paix", dit le Calife.
Cantique de Frère soleil ou des créatures.
Saint François d'Assise -1226
Très haut, tout puissant et bon Seigneur,
à toi louange, gloire, honneur,
et toute bénédiction ;
à toi seul ils conviennent, ô Très-Haut,
et nul homme n'est digne de te nommer.
Loué sois-tu Seigneur, dans toutes tes créatures,
spécialement messire frère Soleil,
par qui tu nous donnes le jour, la lumière
il est beau, rayonnant d'une grande splendeur,
et de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur Lune et les Étoiles
dans le ciel tu les as formées, claires, précieuses et belles.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Vent,
et pour l'air et pour les nuages,
pour l'azur calme et tous les temps
par lesquels tu donnes soutien à toute créature.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur Eau,
qui est très utile et très humble, précieuse et chaste.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Feu
par qui tu éclaires la nuit il est beau et joyeux,
indomptable et fort.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur notre mère la Terre
qui nous porte et nous nourrit,
qui produit la diversité des fruits,
avec les fleurs diaprées et les herbes.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux
qui pardonnent par amour pour toi;
qui supportent épreuves et maladies;
heureux s'ils conservent la paix,
car par toi, Très-Haut, ils seront couronnés.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre soeur la Mort corporelle
à qui nul homme vivant ne peut échapper.
Malheur à ceux qui meurent en péché mortel;
heureux ceux qu'elle surprendra faisant ta volonté,
car la seconde mort ne pourra leur nuire.
Louez et bénissez mon Seigneur,
rendez-lui grâce et servez-le
en toute humilité !
Un Hiver, deux frères, chasseurs passionnés, poursuivent un loup, mais celui-ci leur échappe. En le poursuivant, l'aîné heurte une branche et se tue, le cadet n'abandonne pas sa proie ...
Et soudain, l'animal et le cavalier sortirent de la forêt et se ruèrent dans un vallon, comme la lune apparaissait au-dessus des monts.
Ce vallon était pierreux, fermé par des roches énormes, sans issue possible ; et le loup acculé se retourna.
François alors poussa un hurlement de joie que les échos répétèrent comme un roulement de tonnerre, et il sauta de cheval, son coutelas à la main.
La bête hérissée, le dos rond, l'attendait ; ses yeux luisaient comme deux étoiles.
Mais, avant de livrer bataille, le fort chasseur, empoignant son frère, l'assit sur une roche, et, soutenant avec des pierres sa tête qui n'était plus qu'une tache de sang, il lui cria dans les oreilles, comme s'il eût parlé à un sourd : « Regarde, Jean, regarde ça ! »
Puis il se jeta sur le monstre. Il se sentait fort à culbuter une montagne, à broyer des pierres dans ses mains.
La bête le voulut mordre, cherchant à lui fouiller le ventre ; mais il l'avait saisie par le cou, sans même se servir de son arme, et il l'étranglait doucement, écoutant s'arrêter les souffles de sa gorge et les battements de son coeur.
Et il riait, jouissant éperdument, serrant de plus en plus sa formidable étreinte, criant, dans un délire de joie « Regarde, Jean, regarde ! »
Toute résistance cessa le corps du loup devint flasque. Il était mort.
Sitôt que mon seigneur arrive
- quelle heureuse nouvelle ! -,
il descend comme un rayon de soleil sur Guadalajara !
Maman, quel ami que le mien !
Sous sa chevelure blonde,
le cou blanc et la bouche rouge !
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Ah, peau brune, ah enfant chéri de mes yeux,
qui pourra supporter ton absence, aimé ?
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Viens, ah, magicien !
L'aube à la belle vigueur
quand elle vient demande l'amour.
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Mon seigneur Ibrahim
- Ah, doux nom ! -
viens à moi de nuit.
Si non, si tu ne me veux pas,
j'irai à toi : dis-moi où te joindre
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Je ne t'aimerai qu'à la condition
que tu joignes les bracelets de mes chevilles à mes boucles d'oreilles
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Mon cœur s'en va de moi.
Ah, Seigneur, me reviendra-t-il ?
Si grande est ma douleur pour mon aimé !
Il est malade quand guérira-t-il ?
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Ah, ma chère chérie, au rayon du matin,
le bel Abu-1 Hayyay,
visage d'aurore !
Puisque tu veux me dire adieu,
attends un peu que je regarde ton visage,
Souviens-toi des jours de nos voluptés,
comme il me souviendra des nuits de nos amours.
Et si ton image, en mes rêves passe,
que la mienne aussi passe dans les tiens...
Souviens-toi : que le jour de ta souvenance ressussite à la vie
celui qui meurt d'amour.
Et quand se lèveront les ossements des morts, tends mon âme à mon corps,
afin qu'il ressucite, car elle m'a quitté,
au jour où tu me quittes.
Un baiseur, qui n'était amoureux d'aucune mais qui voulait baiser, était toujours en érection et désireux de baiser celles qu'il aurait la possibilité de baiser.
Il avait tous les jours un tel désir de baiser qu'on l'appelait Don Baiseur, baiseur, hélas ! dolent et malheureux.
« Il meurt mal, disait-il, et vit pis,
Qui ne fout pas celle qu'il aime. »
Le baiseur était si angoisseux de baiser que, plus fort il baisait et plus en baisant il se mourait de tristesse de ne pas baiser davantage.
Il aurait baisé pour deux des meilleurs baiseurs de Lombardie. Si bien qu'il disait en baisant : « Je serai guéri si je baisais. »
On l'appelait Don Baiseur, baiseur, hélas ! dolent et malheureux.
« Il vit mal, disait-il, qui ne fout nuit et jour celle qu'il aime. »